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Cap21 LRC Toulouse

Le 49-3 et la dégénérescence des partis politiques

23 Février 2015, 09:26am

Publié par Corinne Lepage

 

POLITIQUE - Le recours pour voter la loi Macron à l'article 49 -3 n'est évidemment pas le scandale que la droite comme la gauche ont essayé de vendre. Ces dispositions existent dans la Constitution et, si on considère comme scandaleux qu'elles puissent être utilisées, la meilleure solution consisterait alors à les faire disparaître. La droite qui est l'héritière des rédacteurs de la Constitution de 1958 n'a pas semble-t-il évoqué une telle solution et est donc particulièrement mal placée pour en contester l'utilisation.

Mais évidemment, l'essentiel n'est pas là. Il est dans ce qu'il traduit de la dégénérescence de nos partis politiques. Bien sûr, ce constat concerne tout d'abord le parti socialiste. Ce sont les frondeurs qui sont à l'origine du refus de voter une loi dont chaque article avait pourtant trouvé une majorité et donc de l'obligation de recourir à l'article 49-3. Mais, on peut parfaitement comprendre que des députés de gauche refusent l'orientation sociale libérale ou social-démocrate du président de la république et du gouvernement. Sauf qu'ils ne devraient plus être au parti socialiste dont l'orientation actuelle ne leur convient pas. Sauf qu'ils y restent -ce qui s'est traduit par le refus de voter la motion de censure- parce que quitter le PS signifierait perdre leurs sièges en 2017 du fait d'une absence d'investiture et très certainement d'une absence d'accord avec le parti socialiste pour qu'aucun candidat ne soit présenté contre chacun d'entre eux. Cela signifie donc aujourd'hui que la présence dans un parti politique est justifiée bien davantage par des soucis d'investiture et de carrière personnelle que de projet politique partagé.

Mais la situation n'est évidemment pas plus brillante à l'UMP et à l'UDI. En effet, les mesures proposées par la loi Macron, sortent directement du rapport Attali remis à Nicolas Sarkozy en 2007 et, sur le plan idéologique, rien ne s'opposait à ce que cette loi soit votée même si elle n'allait pas aussi loin que les députés de l'UMP et de l'UDI l'auraient souhaité. Pourtant, alors que de leur point de vue, l'intérêt économique de la France justifiait que ces mêmes mesures même modestes soient prises, l'UMP, hormis quelques députés, et les deux tiers de l'UDI ont refusé de voter cette loi pour des raisons purement politiciennes : mettre en difficulté le gouvernement. Peu importe que ces mesures, sur leur propre proposition, soient en capacité de créer des emplois, même en petit nombre, et de créer de la valeur même de manière insuffisante. Non l'objectif n'était pas l'intérêt des Français mais celui de leur petite soupe comme aurait dit le général De Gaulle. Quant à l'UDI, prétendument indépendante de l'UMP, les discussions sur les alliances pour les élections départementales et régionales à venir étaient bien entendu beaucoup plus importantes que les idées qu'elle pouvait défendre et qui se retrouvaient pour partie dans le projet de loi Macron.

En définitive, ces logiques de la partitocratie aboutissent à cette absurdité que la droite vote contre un projet qui s'inscrit dans sa logique et la gauche de la gauche, verts compris -mis à part cinq députés du front de gauche- vote en définitif pour un texte qu'elle combat.
Et pendant ce temps, la société civile s'active, innove, cherche des solutions concrètes pour en sortir. Jusqu'à quand ces pratiques d'un autre âge conduiront-elles la classe politique à privilégier ses intérêts de boutique sur l'intérêt de nos concitoyens? Il est plus que temps de passer à autre chose et de permettre à la société civile de reprendre en main son destin.

 

Source : Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/loi-macron-49-3-partis-politiques_b_6731614.html

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