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Cap21 LRC Toulouse

La (pas si) courte échelle à Marine Le Pen et son orchestre

16 Février 2015, 11:20am

Publié par Stéphane Gemmani

Stéphane Gemmani President/Fondateur du Samu Social de Grenoble

Stéphane Gemmani President/Fondateur du Samu Social de Grenoble

Pourquoi je ne suis plus candidat aux élections départementales en Isère

C'était il y a un peu plus d'un mois. Une centaine de milliers de Grenoblois, des millions de Françaises et de Français choisissaient simultanément de battre le pavé.

Après ces événements de janvier et la législative dans le Doubs, on pouvait s'attendre à ce que ce réveil des consciences soit porteur d'une formidable énergie pour bouger les lignes, pour revoir les fractures et les frontières. Le temps était enfin venu de sortir de la particratie et de permettre au système politique de se transformer comme était en train de le faire notre société. Il n'en était rien, et malheureusement, cet esprit s'est évaporé encore plus vite qu'il n'était apparu. Cette sensation de se retrouver au sein d'une famille, que l'on ne rencontre qu'aux obsèques, famille à qui l'on promet de se revoir au-delà de ces moments tragiques, "parce que quand même, c'est idiot de ne se voir que dans ces occasions". Et une fois les corps inhumés, d'en oublier jusqu'à l'évocation de ces promesses...

Alors que nos partis respectifs cultivaient des contacts positifs dans la dynamique d'une "alliance progressiste" que nos concitoyens appellent de leurs vœux plus que jamais, Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Borgel et sûrement bien d'autres avaient convenu avec Corinne Lepage et Jean-Luc Bennahmias des associations dans ce sens.

Le PS de l'Isère, mais très certainement d'autres fédérations aussi, temporairement ragaillardi par un regain de la cote de popularité de notre Président et par la victoire dans le Doubs, a choisi de tourner le dos a un centre-gauche, en rétro-pédalant, en oubliant engagements et déclarations. Et pendant ce temps, le Parti socialiste de l'Isère continue inexorablement son processus de décomposition, l'aggravant étape après étape. La répartition des places n'est plus gérée que par des clans, et non plus par sa direction fédérale, ni même par des courants porteurs d'une vitalité politique. Le souffle court des conseillers de l'élitisme local, du personnel politique métropolitain, des attachés parlementaires de tout poil et des apparatchiks ont eu raison de cet espoir.

Elles et ils sont prêts à tout pour y arriver, y compris à des alliances vides de sens avec certains auxquels ils se sont opposés lors des dernières élections municipales, combattant des projets emblématiques de l'actuelle majorité départementale et qui ont, de fait, cessé d'appartenir à la majorité présidentielle. De plus, l'étroitesse d'esprit de cette caste auto-désignée ne trouve pas en face "les audacieux" disant vouloir défendre "cette autre voie".

Alors, elles et ils continuent et se répartissent les postes, au risque de justifier l'image que seuls ces alimentaires de la politique ont droit au chapitre. Certains passent leur temps et leur énergie en stratégies politiciennes. Les politicards parlent aux politicards. Elles et ils ne parlent pas aux Grenoblois, ni aux Français de façon plus large. Il ne faut dès lors pas s'étonner que les vrais sujets collectifs échappent aux politiques traditionnels.

Certes, je ne suis pas socialiste. Et donc cette gauche élitiste, impérialiste et népotique, je ne l'ai pas reçue en héritage.

Alors, arriverons-nous à faire véritablement de la politique, à répondre aux préoccupations du quotidien et aux problèmes que nos concitoyens rencontrent dans leur vie? Je travaille, non sans peine, à croire encore en la politique. On s'y engage parce qu'on croit dans le plus profond de son être que c'est une manière noble de servir. On ne s'y lance pas à la légère. Contrairement à d'autres, je n'avais, dans ces élections, que l'ambition du cœur. J'aurais aimé participer aux débats que permettent les campagnes électorales, voire à un mandat départemental, cela m'aurait permis de pérenniser la mission qui est la mienne auprès des plus défavorisés depuis plus de 25 années sur Grenoble et son agglomération, en ayant créé, en octobre 1990, le Vinci, qui est devenu depuis le Samu social de Grenoble. Ceci semble ne pas peser bien lourd face à l'ambition tout court.

Aujourd'hui, l'urgence est de savoir comment nous allons éviter "le pire". Ceux qui pérorent sur la magnificence du "vivre-ensemble" déchanteront rapidement, mais ils pourront toujours se raccrocher aux branches de l'arbre nu de "l'esprit du 11 janvier" pour amortir leur dégringolade. La reproduction de ces pratiques laisse envisager le pire pour les prochaines échéances. Cette "bien-pensance" a fait depuis des années le lit du Front national. Maintenant qu'il est bien fait, elle retape les oreillers et aère la chambre.

Mais ne vous y trompez pas. Ce n'est pas non plus dans ces pseudo-mouvements dits de "rassemblements des citoyens" que les solutions sont présentes. Elles et ils ne se reconnaissent qu'entre eux. Elles et ils se sont radicalisés à l'extrême d'une certaine mouvance dite de gauche, ont souvent fait un passage par le Parti socialiste, suffisamment longtemps pour lui vouer une haine telle qu'elles ou qu'ils souhaitent à ce parti une extinction massive et à grande échelle, digne de l'extinction Crétacé-Tertiaire.

Pire encore. Ceux qui se disent "les chevaliers blancs de la nouvelle ère politique, les pourfendeurs d'un système établi", élaborent à vitesse grand V leur propre oligarchie, avec leur propre personnel politique et leurs apparatchiks, tout en fédérant les pires de ceux qu'ils disaient combattre jusqu'à présent, les mêmes que nous citions précédemment, et qui s'arrogent tous les droits et moyens, afin de garder ce confort et ces émoluments, que la vie publique n'a eu de cesse de leur prodiguer, et dans laquelle ils n'ont fait que grandir, bien loin de toutes les préoccupations de celles et ceux qui vivent les turpitudes d'une vie normale. Donc, elles et ils ne font pas mieux. Elles et ils font bien pire encore... Elles et ils doublent cette caste parasite en la parant de pseudo-leurres cosmétiques dont elles et ils s'empressent d'accoler le label biaisé, défiguré et dénaturé de "Rassemblement des citoyens".

Si aucun débat de fond n'aborde ces sujets, ces préoccupations composites à l'origine de l'ascension du parti de Marine Le Pen, avec des propositions permettant de changer le cours des choses, le FN sera à brève échéance majoritaire au scrutin uninominal à deux tours. Et il n'y aura pas à être surpris, comme il sera trop tard pour s'inquiéter de voir les catégories populaires au premier rang de ce processus.

C'est pourquoi je ne veux et nous ne voulons ni les cautionner, ni les subir. Seul nous importe ce que nous croyons être l'intérêt général.

Il faut cependant savoir en tirer les conséquences et plutôt que de multiplier un peu plus le nombre de listes, de participer à la confusion, à la dissolution des voix, ainsi que le risque de faire émerger des listes d'extrémistes de tout poil, parce que nous avons sous les yeux les données du problème, parce que nous avons la faculté de parler d'autre chose, et ici, nous le faisons, c'est donc pour toutes ces raisons que nous ne ferons pas de candidature pour faire une candidature.

Parler de l'écume quand vient la marée est une chose. Mais il nous faut agir autrement, si l'on ne veut que la marée nous emporte.

 

Devenez fan

President/Fondateur du Samu Social de Grenoble, Conseiller Municipal Delegue de la ville de Grenoble à l'accessibilité de 2008 à 2014, Vice-president et porte parole de Cap 21/ Le Rassemblement Citoyen

 

Source : Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/stephane-gemmani/politique-front-national-parti-socialiste-marine-le-pen_b_6686932.html

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