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Cap21 LRC Toulouse

Du féminisme à géométrie variable

23 Mai 2016, 07:24am

Publié par Corinne Lepage

Du féminisme à géométrie variable

 

L'affaire Baupin dont la justice est désormais saisie a remis les projecteurs sur les comportements parfaitement sexistes du monde politique et il est parfaitement sain et normal que les femmes dénoncent l'omerta comme les comportements eux-mêmes. Cela paraît d'autant plus nécessaire que les propos tenus par un certain nombre de parlementaires dénoncés notamment par Aurore Bergé, comme par des assistantes parlementaires démontrent très clairement que les mœurs anciennes qui traitaient par la rigolade ce type de comportement ont la vie dure. Non, il ne s'agit pas d'un problème de bonnes femmes comme c'est permis de le dire Pierre Lellouche. Il s'agit d'infractions potentielles. Et la tribune cosignée de 17 ex-ministres de toute sensibilité politique témoigne de l'importance du sujet, de son ancienneté et de sa permanence.

Pour autant, on ne peut qu'être stupéfait devant le féminisme à géométrie variable d'un certain nombre de femmes, particulièrement agressives à l'encontre de Denis Baupin, considéré comme coupable alors qu'il bénéficie comme tout un chacun de la présomption d'innocence mais qui, lorsqu'on est en présence de viols qui constituent des crimes alors que dans le cas précédent ne s'agit de délits, ont une attitude bien différente. En effet, lorsqu'ont été commis les viols de Cologne, dont il est maintenant avéré qu'ils l'ont été effectivement par un certain nombre de migrants, elles n'ont eu de cesse de s'en prendre à ceux qui condamnaient ces agressions au motif qu'il s'agissait d'islamophobie et de stigmatisation de populations. Pas un mot pour les victimes.

En réalité, les victimes semblaient être les agresseurs au motif qu'il fallait éviter les "instrumentalisations racistes". Il est évident qu'il faut éviter les amalgames. Il n'en demeure pas moins qu'un viol est un viol et que si on est prêt à vouer aux gémonies l'auteur présumé d'agressions sexuelles caractérisées par des mails ou même des attouchements, les viols en masse devraient susciter quels qu'en soient les auteurs l'indignation.

En réalité, il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Si les comportements des politiques ou de tout autre individu dans l'espace public ou privé qui manque de respect et a fortiori qui agresse une femme sont des infractions, c'est précisément parce que l'égalité entre les hommes et les femmes est le fondement de la République. Or, comme l'a parfaitement rappelé Élisabeth Badinter (21 janvier 2016 Marianne) pour ces femmes et plus généralement pour les militants de la gauche de la gauche, le combat pour l'égalité des femmes s'arrête aux portes du combat pour la défense de certaines minorités.

Et cette stratégie s'intègre dans ce que Céline Pina a parfaitement décrit dans "silence coupable". Admettre que sur le territoire de la République, des femmes puissent être infériorisées, surveillées, voir soumises à une police des mœurs, c'est reconnaître que l'égalité des femmes est moins importante que l'acceptation du communautarisme, du différentialisme qui permet de renvoyer les femmes à une culture machiste imposée par une interprétation religieuse qui fait d'elles des êtres inférieurs auxquels la liberté est refusée.

Cette conception n'est pas celle de la République et elle est difficilement compatible avec la violence des réactions suscitées par l'affaire Baupin et la rigueur au demeurant tout à fait légitime exigée du comportement masculin à l'égard des femmes.

 

Corinne Lepage  

Avocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

 

Source : Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/du-feminisme-a-geometrie-variable_b_10092260.html

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