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Cap21 LRC Toulouse

Un remaniement : pour quoi faire ?

28 Août 2014, 08:02am

Publié par Corinne Lepage

 

Il est rare qu'un remaniement soit subi et non pas voulu par la tête de l'exécutif. Que Arnaud Montebourg, pour des raisons liées à sa carrière personnelle, ait programmé sa sortie du gouvernement, même s'il pensait sans doute rester encore quelque temps, apparaît comme une évidence. Que le Président de la République et le premier ministre n'aient pas eu le choix du moment du remaniement relève de la même certitude.

L'absence de choix dans la date à la veille du vote d'une des grandes lois du quinquennat sur la transition énergétique a renforcé Ségolène Royal au ministère de l'environnement et c'est une très bonne chose.

L'avantage de ce gouvernement Valls 2 est que l'orientation politique est claire et les ambiguïtés consistant à faire figurer dans un même gouvernement des alternatives politiques aussi contradictoires que ceux du tandem Montebourg -Hamon avec la ligne fixée par le Président de la République, sont maintenant levées.

L'orientation social-démocrate est clairement affirmée même si la prétendue austérité dont se targue la gauche de la gauche n'existe en réalité que dans les discours. Certes, la croissance est nulle et la déflation menace, mais la rigueur budgétaire est toute relative et les réformes de structures ont plus que tarder à venir. De toute façon, les mesures annoncées jusqu'ici sont très insuffisantes pour produire des résultats concrets dans des temps rapprochés et pour parvenir à l'essentiel: redonner confiance.

Pour y parvenir, il faudrait un choc permettant en particulier à l'épargne de nos concitoyens, qu'il s'agisse de celle des ménages ou celle des entreprises, de se réinvestir parce qu'ils ont précisément confiance dans l'avenir. À cet égard, les propositions de Jacques Attali paraissent particulièrement attrayantes en particulier sur le logement. Mais, de manière plus générale, en maintenant le matraquage fiscal actuel sur les ménages qui ont les moyens d'investir, il est tout à fait logique que l'épargne de précaution se maintiendra avec un taux d'épargne en regard des revenus encore jamais atteint sous la Vème République. Le changement, c'est maintenant. Peut-être, mais encore faut-il le prouver!

Le remaniement permettra-t-il d'aller dans la direction fixée par le chef de l'État? Il faut l'espérer, on peut toutefois en douter. En effet, le remaniement permet de créer une équipe qu'on espère cohérente, et l'arrivée d'Emmanuel Macron est un symbole fort dont on peut comprendre qu'il fasse plus que grincer des dents sur la gauche de la gauche. Mais le Président de la République et le Premier Ministre n'ont pas la majorité parlementaire qui va avec leur politique et les considérations purement politiciennes des uns et des autres risquent de l'emporter largement sur l'intérêt général.

L'intérêt général aujourd'hui serait que tous, du centre-droit et du centre-gauche, qui partagent notamment l'option présidentielle, acceptent de mettre en œuvre cette politique et qui précisément est la leur. Sauf que le centre gauche hormis le PRG, encouragé par le Président, n'est pas reconnu dans les actes. Aucune ouverture n'est constatée, pas plus que vers d'autres écologistes que les Verts, probablement pour ne pas heurter une gauche dure qui de toute façon est vent debout.... Quant au centre droit, il préfère viser 2017 et avant cela les élections régionales pour tenter d'utiliser la faiblesse de la gauche et la décomposition de la droite pour avancer. Il n'est donc pas question de se brûler les ailes en acceptant de participer à un gouvernement qui se trouve dans une situation extrêmement difficile.

Le cap, mis à juste titre par le Président, ne passe plus par le centre du PS et sera difficilement soutenu par un EELV où la ligne Duflot l'a emporté, empêchant les progressistes de participer au gouvernement. Alors, certes, la Constitution offre des outils juridiques au Premier ministre pour jouer le bulldozer et la menace d'une dissolution (qui ne pourrait intervenir qu'avant mai 2016) serait en l'état suicidaire pour le PS. L'autre arme disponible est le 49-3 mais il ne peut être utilisé que2 fois dont une fois pour le budget. Finalement, il n'en demeure pas moins que la majorité parlementaire ne peut fonctionner que sous la contrainte et pas par adhésion.

Reste l'adhésion des Français. Ils attendent à l'évidence des résultats et sont dans le pragmatisme plus que dans l'idéologie. Pour autant, ils ressentent sans doute d'autant moins le rôle majeur que chacun peut jouer dans la relance, que le mépris avec lequel la société civile est traitée par la partitocratie qui reste intacte. Tant que la politique ne sera pas redevenue l'affaire des citoyens et sera monopolisée par des partis politiques déliquescents, ce que le front National assermente d'ailleurs avec sa fameuse conjonction UMPS, il est évident que l'océan qui sépare les politiques de la société ira croissant. La confiance passe aussi par un changement des décideurs.

 

Source : Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/un-remaniement-pour-quoi-faire_b_5724840.html

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